Bergan Beryan Berigan

Bergan Beryan Berigan

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A propos de Bergan/Beryan, je te fournis ma première réflexion que je n’ai pas encore bien développé. Elle nécessetera un approfondissement…

Bergan était d’après les documents historiques les plus anciens, mais aussi selon la tradition sociale, une cité renommée pour ses activités artisanales, notamment dans le domaine du métier à tisser et le tissage des tentes tout particulièrement. En effet, l’hypothèse Berriane (Bir « puits » + Riane « nom d’un personnage inexistant ») est inadmissible, cela pour les raisons suivantes :

 La base « Bir » (puits) entrant dans la composition de ce toponyme n’existe nulle part dans le sud algérien. On emploie plutôt la base toponymique « Ḥasi (Hassi) » qui entre dans la composition d’un bon nombre de toponymes. On peut citer entre autres Hassi R’Mel, Hassi Dellaεa, Hassi Settafa, Hassi Messaoud, Hassi Lefḥel. Cela est dû à des considérationss propres au climat saharien. D’un autre côté, le nom Riane est totalement méconnu de la population, et l’on atteste aucune tribu qui porte ce supposé anthroponyme Riane, ni même pas un nom de famille ou d’individu (prénom).

 En citant les anciens documents, je puis faire remarquer que les formes qui furent véhuculées par les auteurs et chroniqueurs sont « Birigan/Berigan » (Shaler), Berygan (Shaw). A titre d’exemple, dans son ouvrage traduit de l’Anglois : VOYAGE DE MONSR. SHAW, M.D. DANS PLUSIEURS PROVINCES DE LA BARBARIE ET DU LEVANT, Tome premier, l’auteur Shaw, en passant par la région du Mzab, avait au dix-huitième siècle de l’ère grégorienne cité la cité de Berriane en disant : « Berygan qui, après Gardeiah, est la plus confédérable Dashkrah… ». Ceci va dans le sens de confirmer la prononciation par At Mẓab de ce toponyme avec un /g/ plutôt qu’un /y/. Pour dire Beryan, on prononçait Bergan.

 Par l’ancienne génération (notamment les vieilles femmes), le terme abergan, c’est-à-dire zaf n ulƔem « le poile de chameau » est bien connu. Son féminin se réalise tabergant  (= tḍuft n ulƔem teεeslit). Je dirais qu’en outre, l’ancienne génération de At Bunur, en désignant les habitants de Berriane, prononçait bien At Ibergan au lieu de At Beryan et ce, en guise de nommer les gens qui habitent cette ville. On dit par exemple TaƔerdayt pour indiquer en Tumẓabt la ville de Ghardaia, et At TƔerdayt pour désigner les habitants de cette dernière.

 Dans le cadre de la littérature traditionnelle locale, je garde le souvenir d’un ancien poème en Tumẓabt où l’on cite textuellement la forme « Beryan ». Je ne risque pas de me tromper en confirmant que pendant une étape historique la forme « Beryan » fut d’un usage populaire. Et là le parallélisme avec l’autre forme diachroniquement antérieure « Bergan » est frappant. Le rapport Bergan/Beryan est hors de doute. Il est en effet remarquable et demanderait en conséquence à être expliquée.

 Bergan d’où découle la forme toponymique diachroniquement postérieure Beryan (évolution phonétique de /g/ > /y/ attestée dans la variante amazighe du Mẓab), est le singulier de Ibergan. Attention ! Bergan, comme certains gens le pensent, ne provient pas de berkan/aberkan « noir ». La différence entre /g/ et /k/ est capitale.

 En bref, au plan lexico-sémantique, Bergan renvoie au sens de « tente en poils (de chameau) ». Ce même terme bergen est attesté chez les Imuhaq (les Touaregs) sous forme de abergen (plur. Ibergenen). Il véhicule le même sens de « tente en poils ». J’ai rencontré par ailleurs chez les Touaregs le terme tagent « tente » en rapport lexical avec bergan. Il s’agit de mot de souche linguistique amazighes issu de la racine amazighe /GN/ « dormir ».

 Pour ne pas clore le débat, le toponyme Beryan nécessite des analyses aux divers plans linguistique, historique, géographique, … et anthropologique en s’appuyant sur les buts et les techniques de la toponymie.



Hammou Dabouz

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